L'exposition Narbo Martius, renaissance d'une capitale à Narbo Via

Comme promis, je vous invite à retourner au Musée Narbo Via afin de découvrir l'incroyable exposition temporaire dédiée à la reconstruction du passé de Narbo Martius, l'ancêtre de la ville de Narbonne. 

Grâce à de nombreux objets, maquettes, croquis, cette exposition nous dévoile l'incroyable travail caché derrière toute tentative de ressusciter le passé tandis que les bâtiments ont été dégradés par le temps et les usages. C'est également l'occasion d'observer les apports des innovations techniques pour mieux comprendre le passé et permettre à cette mémoire de perdurer, dans un soucis d'authenticité. 

Cette exposition temporaire inaugurée en mai 2022 rencontre un vif succès. Elle a par ailleurs été prolongée jusqu'en septembre 2023. Un complément idéal et nécessaire au parcours permanent proposé par ce nouveau site dédié à la romanité, s'inscrivant parmi les musées à découvrir dans notre belle région. 

Une invitation à la redécouverte des origines de Narbonne (décembre 2022, image personnelle)

Narbo Via, le nouveau musée de la romanité à Narbonne

Situé entre le centre-ville historique et la zone commerciale Bonne Source, le nouveau musée Narbo Via a posé son imposante structure de béton, d'acier et de verre pour rendre hommage à l'illustre passé de la cité Narbo Martius. Conçu par l'agence Forster + Partners et construit dès 2015, ce nouveau musée se trouve à proximité d'une nécropole romaine découverte et fouillée récemment. 

Ce fleuron des musées d'Occitanie accueille les collections antiques de la ville de Narbonne qui jusqu'alors étaient disséminées en plusieurs sites. Fort d'un mur lapidaire des plus spectaculaires, ce nouveau lieu propose une vaste gamme d'objets et de découvertes passionnantes. Narbo Via parvient à nous faire comprendre la vie de cette cité romaine majeure en apportant un éclairage intéressant sur son évolution à travers le temps.

Il semblait donc assez logique que pour sa deuxième exposition temporaire, le musée se penche sur les origines de la cité et les méthodes qui contribuent à faire revivre le passé. Comment passe t'on de découvertes archéologiques à la reconstruction d'objets, de décors, d'ambiances, d'atmosphères qui se sont perdues dans les couloirs du temps ? 

Pour compléter cette découverte de l'exposition permanente, je vous invite à vous rendre en pied de page pour suivre le lien vers l'article présentant le musée, ses collections permanentes.  

Un écrin ultramoderne pour présenter les origines de la ville de Narbonne (décembre 2022, images personnelles)

Un point sur l'histoire de la ville

A l'origine, était Narbo Martius, appelation de la ville romaine fondée au II e siècle avant JC par Domitius Ahenobarbus. Idéalement située au carrefour de la mer Méditerranée et de la voie Domitia, cette cité se développe grâce au commerce de métaux, de tissus précieux et au négoce de vin. Ainsi, les productions locales trouvent des débouchés vers l'Espagne, l'Atlantique... et exporter ses amphores en employant les voies romaines.  

Une portion de la Via Domitia devant l'hôtel de ville, le clos de la Lombarde à travers ses impressionnantes fouilles ou les souterrains de l'horreum peuvent toujours être observés et visités. Mais que deviennent le forum, l'amphithéâtre, le temple romaine qui jadis étaient des sites incontournables pour les habitants de la cité à l'époque romaine ?

Hélas, les vestiges des grands monuments romains ont disparu par la destruction ou le démantèlement pierre par pierre afin de laisser la place aux nouvelles strates plus modernes de la ville. Cette histoire perdue peut revivre en interrogeant ces traces qui nous sont parvenues, ces objets redécouverts par la recherche historique, technique et scientifique.

Pour le visiteur de passage, comprendre l'héritage romain sur la ville de Narbonne d'aujourd'hui pouvait relever du parcours du combattant et provoquer une certaine frustration. Cette exposition nous invite à se reconnecter aux origines de la cité de façon très ludique.

Quelques instantanés de l'exposition permanente de Narbo Via (décembre 2022, images personnelles)

L'exposition temporaire Narbo Martius, renaissance d'une capitale

Inaugurée en mai 2022, cette exposition remporte un grand succès lui permettant d'être prolongée jusqu'en septembre 2023. Quoi de plus naturel pour cette nouvelle exposition que de revenir sur les origines de Narbo Martius...

Ce que nous propose ce passionnant parcours, c'est de comprendre comment à partir de fragments, d'objets, d'écrits, de la disposition des bâtiments, on parvient à restituer l'atmosphère de la cité de Narbonne des origines. D'emblée la différence entre reconstitution et restitution est posée. Pourtant ces deux expressions ont la même visée : rendre, retrouver l'état d'origine. La restitution nous montre les objets dans le meilleur état possible, mais intègre une dimension un peu plus subjective, car il est parfois nécessaire d'émettre des hypothèses pour parvenir à une restitution satisfaisante. La reconstitution, quant à elle, s'appuie sur des preuves et vise à rendre compte objectivement, fidèlement d'une réalité. Libre à nous par la suite de prendre conscience de ce qui relève de la restitution ou de la reconstitution. 

Un exemple de reconstitution du tracé des rues de Narbo Martius très minutieux (décembre 2022, image personnelle)

Le parcours est très bien construit, les explications claires, les nombreux objets et illustrations témoignent d'un grand soin apporté aussi bien au contenu que dans la volonté de rendre simple un sujet finalement complexe. 

Nous commençons notre exploration avec la restitution par le dessin. Des carnets, des cartes sont présentés aux visiteurs pour montrer une première nécessité de la recherche : localiser où les premiers peuples se sont installés puis comment ils étendent leur occupation de l'espace. Du dessin tracé à la main, à la modélisation 3D, les outils techniques ont évolué pour rendre un travail toujours plus fin, plus précis. 

Autre exemple de reconstitution de Narbo Martius très minutieux (décembre 2022, image personnelle)

Une fois posé le cadre, il faut ensuite comprendre comment vivaient ces peuples. Et cela passe notamment par la reconstitution en dessin du capitole. Un temple a été retrouvé sur Narbonne grâce aux fouilles ayant mis à jour un fragment d'aigle, symbole associé à Jupiter. Cette découverte capitale a permis aux historiens d'attester qu'il s'agissait d'un capitole et non pas d'un simple temple. Si quelques fragments sont conservés à Narbo Via, le reste des vestiges se trouve sous le collège Victor Hugo. 

Le capitole de Narbo Martius reconstitué en image de synthèse à partir des recherches des historiens (décembre 2022, image personnelle)

Probablement la partie la plus étonnante et passionnante de l'exposition, nous allons ensuite comprendre comment la culture populaire s'est emparée de cet héritage à travers la bande dessinée. Les commissaires de l'exposition ont choisi de mettre en valeur le travail d'auteurs de bandes dessinées récentes ayant situé leurs intrigues à Narbonne. Ainsi la pyramide de cristal, premier tome de la saga Quadratura donne l'occasion de comprendre le fonctionnement de la cité de Narbonne au début du IIIe siècle.

Quant à Narbo Martius, la cité disparue, elle nous invite à faire revivre 1000 ans d'histoire notamment à travers le fonctionnement de son port. Bref, deux ouvrages très récents à consulter, richement documentés, s'appuyant sur les recherches de consultants historiques !

Pour élargir le sujet, l'exposition nous entraine dans l'univers d'Alix imaginé par Jacques Martin et dont la série constitue une référence de la bande dessinée en rapport avec l'histoire antique. Enfin, nous pouvons découvrir de passionnantes planches de la série Arelate, centrées sur la ville d'Arles qui par son parti pris de dessin sépia et de montrer une cité en construction, nous en apprennent encore davantage sur les cités romaines. 

Un exemple de planche de bande dessinée qui fait revivre l'antiquité romaine (décembre 2022, image personnelle)

Passons aux choses sérieuses, les recherches archéologiques, les travaux de repérages et de fouilles se heurtent à un écueil, celui de la bonne conservation des vestiges. Se pose alors la question de la restauration. Comment fait-on pour redonner son lustre d'antan à des pièces qui ont été réalisées sous l'Antiquité romaine? 

Découvrir des tessons d'amphores, des objets brisés, ébréchés fait bien évidemment avancer la recherche, mais si on parvenait à les réparer, les reconstituer cela permettrait de perpétuer cette mémoire aux générations futures. L'exposition permanente nous propose quelques exemples en lien avec le capitole de la ville. Les fragments sont resitués pour nous donner une meilleure idée des proportions de l'objet intact. Force est de constater que le temps a fait disparaitre de précieux éléments. Les historiens et chercheurs tentent de combler ces vides par la comparaison, le rapprochement, ainsi qu'en usant de patience pour reconstituer des mosaïques. La collection permanente nous en montre ici de parfaits exemples. 

Deux sculptures partiellement retrouvées ouvrant la voie aux hypothèses des historiens (décembre 2022, images personnelles)

Le numérique a considérablement fait avancer la recherche et les initiatives de restitution pour le grand public. Nous prenons place sur de petits tabourets face à un grand écran. Grâce à cette projection monumentale, nous allons voyager dans une reconstitution 3D de Narbo Martius. Les maisons, rues, bâtiments emblématiques de la cité reprennent vie sous nos yeux grâce aux efforts conjugués de l'association des amis du clos de la Lombarde, à l'antenne de Narbonne de l'Université Perpignan Via Domitia, à des associations spécialisées dans les reconstitutions historiques, pour leur expertise dans les costumes et des figurants du Patio des arts du Grand Narbonne. Le film est une grande réussite et on en regretterait presque qu'il ne rejoigne pas définitivement les collections permanentes du musée.

Quelques images de la reconstitution de Narbo Martius à la lumière des recherches historiques et archéologiques (décembre 2022, images personnelles)

Notre visite se poursuit avec un espace dédié aux maquettes. Le numérique est génial pour se rendre compte de cette réalité passée mais les maquettes apportent une authenticité et un soucis du détail appréciable. S'appuyant une nouvelle fois sur les découvertes du Clos de la Lombarde, nous pouvons prendre conscience de l'organisation des thermes de la cité. D'autres maquettes de sites romains, nous permettent de comparer ces bâtiments indispensables à la vie de la cité.

D'autres maquettes apparaissent plus insolites tels cet amphithéâtre ou ces thermes patiemment réalisés avec des Playmobils. Preuve que la pop culture peut vulgariser les découvertes historiques dans des domaines insouconnés. 

Lorsque les playmobils proposent leur réinterprétation d'une arène romaine (décembre 2022, image personnelle)

Le parcours revient bien évidemment sur le numérique et son utilité dans le relevé d'informations et la reconstitution en 3D des bâtiments. Ces techniques de relevés ont été utilisées pour créer des copies de la grotte de Lascaux ou de celle de Chauvet pour n'en citer que deux exemples réputés pour leur fidélité aux modèles originaux.

Plusieurs maquettes de bâtiments romains bien mis en valeur dans l'exposition (décembre 2022, images personnelles)

Poursuivons notre découverte avec la reconstitution des amphithéâtres romains. Des panneaux passionnants expliquent les étapes de relevés d'informations, de création de la maquette en 3D et du texturage pour lui donner un aspect authentique. Des témoignages sur les jeux organisés dans ces édifices nous sont présentés sous formes de gravures. L'expérimentation est évoquée. Les passionnés les plus férus rejoignent des associations afin de faire revivre les combats de gladiateurs (comme parfois dans les arènes de Nîmes aux vacances du printemps). Cette étape importante remet de la chair, de l'émotion et des sentiments sur des lieux et des coutumes qui se sont étiolés avec le temps.

Le musée fait dialoguer des blocs sculptés issus de la collection permanente avec cette magnifique exposition. Les scènes de combats sur certains blocs sont remarquablement bien conservées et restaurées. 

Blocs de la collection du musée qui viennent illustrer les scènes de combats dans les amphithéâtres romains (décembre 2022, images personnelles)

Certains longs métrage de cinéma ont participé à rendre cette période plus concrète grâce à la collaboration d'historiens passionnés. L'exposition se penche sur quelques planches du storyboard de Gladiator, le film de Ridley Scott, sorti en salle en 2000.

Ces documents de travail sont extrêmement précieux car ils aident le réalisateur à faire les bons choix pour amener de l'authenticité dans les décors, costumes et mise en scène de cette reconstitution de l'Antiquité Romaine. S'appuyant sur des recherches historiques rigoureuses, le film cherche à s'approcher de la réalité, crée des images collectives et mentales dans l'esprit des spectateurs dans le but de vulgariser cette période qui peut nous apparaitre si éloignée. 

Notre visite s'achève sur un dernier pan de la pop culture qui s'est donnée pour mission de faire revivre l'époque romaine, le jeu vidéo. Grace à quelques illustrations et vidéo, nous prenons conscience des efforts réalisés pour rendre crédible cet univers à travers trois exemples de jeu qui ont su dompter des innovations techniques majeures pour rendre ces univers crédibles. La dernière expérience marquante étant celle d'Assassin's Creed Origin avec l'utilisation des casques VR immergeant totalement le joueur dans cet univers fidèlement restitué.  

Deux planches du story board du film Gladiator de Ridley Scott, une formidable passerelle entre l'antiquité et le cinéma récent (décembre 2022, image personnelle)

C'est ainsi que s'achève cette passionnante visite de l'exposition temporaire consacrée aux origines de la cité de Narbonne et aux multiples façons pour faire revivre cette époque lointaine grâce à la recherche, aux sciences et aux arts. Vivante, colorée, moderne cette exposition vaut largement le détour. Les espaces sont bien occupés, le parcours de visite bien pensé et les apports multimédias constituent une belle valeur ajoutée. A défaut de pouvoir prolonger cette exposition dans le temps, certains éléments tels que la vidéo reconstituant la vie quotidienne à Narbonne, gagneraient à rejoindre le parcours d'exposition permanent. 

Une très bonne surprise ! Narbo Via est capable de produire des expositions de grande qualité et nous n'avons qu'une hâte : découvrir les prochaines ! 

Petite incursion dans les jardins du musée pour clôturer cette visite passionnante (décembre 2022, image personnelle)

Informations pratiques :

Comment s'y rendre ?

On ne peut pas louper cette immense bâtiment situé avenue Maitre Hubert Mouly. Il se situe à proximité du parc des expositions, du stade de la ville et de l'Arena, la nouvelle salle de spectacle. Leurs parkings sont par ailleurs mutualisés, accessibles à tous et idéalement localisés. 

Il est également possible de se garer un peu plus loin, sur le parking gratuit du théâtre et de la scène nationale. Un nouveau cheminement est en cours de réalisation pour permettre de suivre le cours du canal de la Robine jusqu'au musée sans être soumis aux désagréments de la circulation assez dense de cette zone assez fréquentée. 

Le musée est relié au centre ville par des navettes grâce à l'arrêt de bus Narbo Via, vous déposant au plus près de l'entrée du site. Quelques arceaux ont été installées pour permettre aux deux roues de se garer en toute sécurité. Des emplacements dédiés aux personnes à mobilité réduite sont installés au plus près du musée.

Les tarifs ?

Plein tarif pour les expositions permanentes : 8 euros

Plein tarif pour les expositions temporaires : 7 euros

Plein tarif groupé (expos permanentes et temporaires) : 13 euros

Visite commentée : 2 euros en supplément du tarif d'entrée

Large politique de gratuité pour encourager l'accès au musée : jeunes de moins de 26 ans, personnes bénéficiaires de minimas sociaux, personnes en situation de handicap... Je vous recommande le site officiel du musée pour vérifier si vous remplissez les conditions pour en bénéficier.

Narbo Via est partenaire du Pass Occ'ygène, proposé par le comité régional du tourisme et des loisirs de la région Occitanie. Les titulaires de cette carte bénéficient de réduction sur le parcours découverte (soit l'exposition permanente, soit la temporaire). 

Carte Occ'Ygène Occitanie - Tourisme en Occitanie

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https://www.tourisme-occitanie.com/loisirs/la-carte-occ-ygene/

Les jours et horaires d'ouverture ? 

Du 1e octobre au 30 avril : ouvert du mardi au dimanche de 11h à 18h

Du 2 mai au 30 septembre : ouvert du mardi au dimanche de 10h à 19h

Sites internet pour vous aider à organiser votre visite sur le thème de la romanité :

Accueil

L'Antiquité romaine dans 3 lieux

https://narbovia.fr/

Narbo Via, le nouveau musée de la Romanité à Narbonne - MBDV - MON BLOG DE VOYAGE

Bonjour, après une longue pause (pas de publication depuis décembre, ça commençait à faire long, non ?), nous allons débuter la nouvelle salve d'articles pour 2023 avec un des derniers grands...

https://mon-blog-de-voyage.over-blog.com/2023/02/narbo-via-musee-romanite-narbonne.html

Narbonne romaine et médiévale - Aude Pays Cathare

Le Canal de la Robine est le poumon de la ville, et un lieu de promenades inoubliables. Le "bras droit" du Canal du Midi arrose la cité romaine en son cœur avant de couler à travers garrigue et ...

https://www.audetourisme.com/fr/a-voir-a-faire/incontournables/narbonne-romaine-et-medievale/

https://www.narbonne.fr/sites/default/files/narbonne_romaine_sans_reponses.pdf

Bonne visite et à bientôt pour de nouvelles découvertes !!