Larguons les amarres ! Aujourd'hui, nous allons embarquer sur un des bateaux français parmi les plus célèbres et les plus impressionnants. Plus ancien trois-mâts français toujours en activité, le Bélem effectue de nombreuses escales chaque année durant sa saison de navigation. Cela permet au grand public de fouler son pont, d'admirer son impressionnante voilure et son spectaculaire réseau de cordages lui permettant de naviguer par tous les temps.
Ayant raté son escale à Sète, nous ne pouvions pas passer à côté de sa deuxième et ultime escale dans notre belle région avant dernière étape de son long périple 2016 qui doit le ramener vers Saint Nazaire, son port d'attache. Partons pour la côte Vermeille à Port Vendres pour embarquer sur ce bateau de légende !
Le Bélem était amarré à Port Vendres les 8 et 9 octobre 2016 pour le bonheur des curieux et amateurs de bateaux (images personnelles)
Que peut-on voir et faire à Port Vendres ?
Port naturel en eau profonde situé sur le littoral de la côte Vermeille, Port Vendres est un de ces lieux agréables à la visite. Les quais sont animés en toutes saisons par les départs et arrivées des bateaux de pêche qui ramènent leur précieuse cargaison de poissons vendus sur des étals à même le quai ou portés à la criée.
La commune accueille le siège du Parc Naturel Marin du Golfe et Lion. Cette structure s'occupe de gérer la réserve marine de 650 hectares qui s'étend au large des 6 kilomètres de rivage protégés. Elle oeuvre à faire découvrir la richesse du fond marin, à sensibiliser le public à sa fragilité mais aussi à repeupler et mettre en valeur ce patrimoine naturel.
La côte offre plusieurs plages agréables et de nombreuses criques surveillées en haute saison. Les activités liées à la mer sont très nombreuses et devraient satisfaire votre soif de découverte. Nautisme, promenades en bateau pour découvrir les riches fonds marins du parc naturel marin, plongée...
120 ans à naviguer autour du monde
Fouler le pont du Bélem, c'est rencontrer un mythe de la navigation française. L'année 2016 a permis au trois mâts de souffler sa 120e bougie. Et le moins que l'on puise dire, c'est que ce vieux briscard des océans vogue à merveille et a su conserver fière allure.
Le 10 juin 1896, les chantiers Dubigeon de Chantenay sur Loire lancent sur les flots ce bâtiment à la coque en acier rivetée et soudée de 51 mètres de long, équipé de trois mâts lui permettant d'adapter sa voilure pour naviguer par tous les temps. Jusqu'en 1913, il sera utilisé pour faire du commerce transatlantique entre la France, le Brésil puis vers la Guyane et les Antilles. Le célèbre chocolatier Meunier emploie le navire pour transporter les fèves de cacao vers l'Europe.
En 1914, le Bélem est racheté par le Duc de Westminster qui le transforme en yacht de plaisance et l'équipe de moteurs. 7 ans plus tard, le bateau change de propriétaire qui le renomme Fantôme 2 avant de lui permettre de poursuivre les grandes navigations dont un tour du monde en 1923 - 1924.
En 1951, le Bélem change à nouveau de pavillon car il est racheté par la famille Cini de Venise qui le transforme en navire école pour les orphelins de la marine italienne. Lorsque cette famille décide de se séparer de ce navire, il est racheté en 1978 par la Caisse d'Epargne, lui permettant de retrouver son pavillon français. Il est alors confié à la fondation Bélem, une association chargée de veiller à la conservation du navire.
Le Bélem est classé monument historique depuis 1984. Il multiplie chaque année les sorties publiques et les navigations pour aller à la rencontre d'un public toujours plus nombreux, ce qui permet à l'association de lever des fonds pour entretenir le voilier.
A l'abordage !!!
Visiter le Bélem, ça se mérite et une telle opportunité attise forcément toutes les curiosités d'amateurs de bateaux et de voiliers. Il est vrai que le beau temps aide et les parkings de port Vendres sont tous pris d'assaut. Mais ce n'est que le début d'un long parcours semé d'embûches...
1h15 d'attente avant de pouvoir fouler le pont du navire heureusement sous un temps radieux (octobre 2016, images personnelles)
Si on peut observer le bateau depuis le quai, il serait dommage de s'arrêter si près du but et de ne pas fouler son célèbre pont. Après avoir acquitté le droit d'entrée de 5 euros, nous entrons dans la dernière zone d'attente. Nous arrivons à la passerelle et nous pouvons enfin monter à bord.
La visite commence avec la partie arrière du bateau : la dunette, qui est l'espace de commandement du bateau. Ostensiblement, les visiteurs se dirigent vers l'instrument le plus mythique d'un tel navire, celui qui fait rêver des générations entières de marins en herbe : la barre du capitaine. Malgré la modernisation du navire et ses multiples aménagements dus à ses propriétaires successifs, elle fonctionne toujours et permet de diriger le navire en mer car il n'est pas équipé de pilotage automatique.
Après une séance photo incontournable derrière la barre du navire, le circuit de visite se poursuit et la visite se fait plus fluide malgré la centaine de personnes présentes sur le pont de l'illustre voilier. Sous la dunette se trouvent les quartiers de l'équipage et du capitaine (parties privées et non ouvertes à la visite).
Nous prenons quelques instants pour admirer la perspective offerte sur le pont du navire. En levant les yeux, nous sommes émerveillés par la taille des trois mats et l'incroyable complexité des cordages qui permettent aux marins de manoeuvrer les différentes voiles du navire. On comprend mieux pourquoi cette merveille des mers a été classée monument historique. Les ponts en bois sont briqués, les parties métalliques sont formidablement entretenues, les cordages en excellent état. On comprend également beaucoup mieux l'utilité de la fondation Bélem et du prix d'accès au bateau, bien employés pour garder le navire dans un aussi bel état.
En admiration devant les mâts et la forêt de cordages nécessaires pour manoeuvrer les voiles du navire (octobre 2016, images personnelles)
Nous passons donc au dessus de la salle des machines (dont on ne peut apercevoir que quelques recoins à travers une vitre pour emprunter une échelle et rejoindre le pont central, le spardeck. impressionnant de par sa taille et la qualité de l'entretien des boiseries !! Cette partie rajoutée au bateau par Sir Guiness sert désormais à entreposer le matériel de sauvetage. On peut y admirer toute la majesté du grand mat de 34 mètres de haut
Nous avançons encore sur le bateau pour atteindre le gaillard d'avant, le pont avant du bateau. Le point de vue sur la voilure du navire est impressionnant lorsqu'on se retourne et l'on se surprend de la taille des équipements à bord. Ce circuit aménagé à bord du Bélem nous permet de découvrir le trois mâts sous toutes ses coutures et surtout d'en constater le formidable état de conservation.
On se surprend en approchant de la poupe du bateau à fermer les yeux et à voir danser les vagues devant le navire. Il est tellement plus agréable de profiter du pont en bois du navire par temps calme, sous le beau soleil de la côte Vermeille. On ose à peine imaginer le trois mâts en pleine tempête.
Nous poursuivons le circuit de visite et quittons le gaillard d'avant pour découvrir des zones de vie, l'escalier pour descendre du pont est raide et nous accédons à l'avant du bateau aux ateliers que nous pouvons apercevoir et sous ses deux ateliers, le quartier de l'équipage, que nous devons imaginer car cet espace n'est pas ouvert aux visites.
L'humour des marins commence à filtrer par petites touches. Dans l'atelier du bosco (le maître d'équipage), on retrouve tous les outils nécessaires à l'entretien du bateau. Tout y est incroyablement bien organisé et rangé. ce n'est pas pour rien, si l'on retrouve sur une étagère cette devise qui ne pouvait pas mieux correspondre à l'endroit. "Chaque chose a sa place. Chaque place a sa chose".
L'atelier du bosco, une caverne d'Ali Baba à faire pâlir d'envie Mac Gyver (octobre 2016, images personnelles)
Juste à côté se trouve l'atelier du charpentier. de nombreux outils sont à la disposition d'un des postes les plus importants du bateau car il vient compléter le travail du bosco. Autant dire, sur un tel voilier, ces deux postes sont fondamentaux et même si l'espace qui leur est dédié semble minuscule. Ils sont fonctionnels et rendraient jaloux n'importe quel bricoleur.
L'atelier du charpentier, un poste ô combien important sur un navire qui contient autant de bois (octobre 2016, images personnelles)
Autre poste tout aussi important sur un tel navire : la cuisine. Petite, fonctionnelle, chaque centimètre est optimisé pour assurer un service de qualité pour tout l'équipage.
La visite se poursuit par la visite de deux salons : le grand roof, une grande pièce dont les murs sont décorés en bois d'acajou de Cuba. Dans son prolongement se trouve le petit roof, une petite structure qui sert désormais de quartier des officiers.
La fin de la visite est proche, car nous venons de boucler le tour du bateau. Il est temps de jeter un dernier coup d'oeil admiratif aux trois mâts de ce voilier mythique. Le Bélem va terminer sa campagne 2016 et regagner son port d'attache pour une série de rénovations et travaux d'entretien pour que cette légende des mers puisse continuer à voguer sur les mers et les océans.
Il est temps de regagner la terre ferme et de laisser le Bélem reprendre la mer pour de nouvelles aventures. j'espère que ce billet consacré à un des fleurons de la marine française vous a plu et qu'il vous donnera envie d'en savoir davantage sur ce bateau mythique. Le site officiel de la fondation Bélem vous propose en outre de participer à des opérations de restauration d'équipements du navire.
Bon vent et à bientôt pour de nouvelles découvertes !!